Le grand chantage

Publié le par Étincelle Poste

Édito des bulletins du 24 octobre 2011

Avertissements, rappels à l’ordre, injonctions ! Voilà que Sarkozy et Merkel passent aux menaces directes. Après la Grèce, c’est au tour de l’Italie que les deux parrains du capitalisme européen mettent sur la sellette en « exigeant » des « engagements fermes en matière de réformes et de réduction de la dette ». Autrement dit, recul de la retraite à 67 ans, saccage des services publics, fonte des budgets sociaux, baisse des salaires… Tout cela pour permettre aux banques qui ont prêté à des taux usuraires aux Etats de récupérer leur mise. Aux peuples de payer, d’en baver, de voir le chômage exploser, la misère se généraliser.

Ici, en France, les ministres nous mettent déjà en condition. Valérie Pécresse vient de déclarer à RTL : « Nous aurons le courage de demander des efforts supplémentaires aux Français s'ils sont nécessaires », pendant que François Fillon, « prépare les esprits » comme disent les journalistes, à « un second plan de rigueur ». Le « courage » d’appliquer la rigueur aux pauvres, et l’assistance aux banques et aux riches !

La colère des travailleurs grecs
Les Grecs, eux, ont fait preuve d’un tout autre courage, combien salutaire, mercredi et jeudi dernier, en manifestant massivement au cours d'une grève générale de 48 heures contre les nouveaux plans d'austérité et l'ensemble des mesures anti-ouvrières décidées par le socialiste Papandréou, sous les injonctions de Sarkozy, Merkel et de la finance européenne.

Des centaines de milliers de Grecs ont défilé dans tout le pays pour refuser ce «sauvetage» qui consiste à leur appliquer une potion mortelle. Une potion qui toutefois ne s’applique pas à tout le monde. Les biens de l’Eglise sont épargnés, pas question de toucher au budget de l’armée (le plus important de l’Union européenne proportionnellement au PIB !), ni aux richissimes armateurs.

Le bâton et les biftons
La seule préoccupation de tous ces « sommets européens », est de sauver la mise aux banques. La dernière solution préconisée pour la Grèce consisterait, nous dit-on, à « annuler une partie de sa dette». Drôle d’annulation qui commence par faire payer au prix fort le peuple grec. Une belle escroquerie en fait. Car ce qu’ils appellent « annulation partielle de la dette », n’est qu’une simple mise en faillite qui permet aux créanciers de se payer sur la bête, c’est-à-dire sur la population grecque et ses biens publics. Les banques françaises ou allemandes perdraient-elles au change ? Pas du tout. On leur propose d'accepter ce plan en échange d'une « recapitalisation » par leurs Etats respectifs. En clair on leur apporte de l'argent public. Pour la population le bâton, pour les banques les biftons

En Grèce comme ailleurs, la guerre de classe est déclarée
L’Europe de la finance et des riches vient d’intimer l’ordre au gouvernement grec (puis italien) de déclencher une véritable guerre sociale contre son peuple. Au point que le ministre des finances de la Grèce s’est vanté auprès des députés de livrer « la bataille de toutes les batailles » ! Ce à quoi les manifestants ont riposté en appelant à « la mère de toutes les grèves », en se retrouvant à 200 000 dans les rues d’Athènes le lendemain.

Le traitement réservé aujourd’hui au peuple grec n’est qu’un avant-goût de ce qui nous attend ici. En dépit de leur bisbilles et rivalités, soyons sûrs que les différents gouvernements européens, à commencer par ceux de la France et de l’Allemagne, s’entendront comme larrons pour nous faire payer la crise de leur système.

Pour l’heure, en Europe, sans oublier le cri de révolte des indignés espagnols qui s'est répandu dans d’autres pays, la première riposte populaire est la lutte des travailleurs grecs. Une lutte qui ne devra pas rester isolée et sur laquelle nous devrions très vite être amenés à prendre exemple. Quand les ministres, chefs d’Etat ou banquiers annoncent « la bataille de toutes les batailles », c’est leur guerre de classe qu’ils nous déclarent. Aux travailleurs d’Europe de s’unir dans une même lutte, pour gagner cette guerre contre les riches et les puissants.

Publié dans Editos

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