Qui donc aura les « mains libres » ?

Publié le par Étincelle Poste

Pas de surprise à l’issue de ce premier tour des législatives, où le taux d’abstention a atteint un niveau record. François Hollande et son gouvernement PS espèrent obtenir une majorité absolue à l’assemblée et donc avoir « les mains libres ». Mais les mains libres pour quelle politique ? Le moins qu’on puisse dire, c’est que le monde du travail n’a guère d’illusions à se faire à ce sujet.

 

Pour l’heure, le gouvernement socialiste laisse surtout les mains libres au patronat qui n’a pas perdu de temps pour concocter les plans de licenciements : dans l’automobile (PSA et les sous-traitants), la téléphonie (SFR), la grande distribution (Auchan, Carrefour, Conforama), les transports (Air-France, SNCM), la chimie (Pétroplus), sans parler d’une multitude de plus petites entreprises et des baisses massives d’effectifs à La Poste, les hôpitaux, les services publics et sociaux.

 

En réponse, Hollande s’est doté d’un ministère du « redressement productif » confié à l’avocat Arnaud Montebourg, qui multiplie les déclarations grandiloquentes sur le sauvetage de l’emploi. Mais de qui se fait-il l’avocat ? Il se dit « proche des entrepreneurs » qu’il reçoit en catimini le soir, tout en prévenant les salariés qu’il « faudra s’attendre à des échecs ». Autant de petites phrases éclairantes sur la nature de sa mission : surtout ne pas chercher une seconde à s’appuyer sur les luttes en cours dans les entreprises concernées, mais appeler à l’esprit de « responsabilité ». Une façon de demander aux travailleurs de se plier aux conditions des licencieurs.

 

Un gouvernement responsable... vis à vis des intérêts de la bourgeoisie

Pas question de revenir sérieusement sur les contre-réformes scélérates de Sarkozy. Il en va ainsi par exemple de la retraite : ceux d’entre nous qui ont commencé à travailler tôt pourront finalement partir à 60 ans (à condition de pouvoir valider 41,5 annuités). Il s’avère que cette mesure symbolique coûte encore moins cher que prévu. Mais pas question pour ce gouvernement d’élargir le (très faible) nombre de travailleurs concernés, car comme nous l’explique Marisol Touraine, ministre des affaires sociales, « la justice, c’est de ne pas traiter tout le monde de la même façon ». Donc juste un peu d’esbroufe pour quelques-uns.

 

« Responsabilité » encore, lorsqu’il s’agit d’augmenter le Smic, à dose homéopathique. « Ce coup de pouce devra rattraper ce qui n’a pas été accordé ces dernières années, mais il faudra également veiller à ce que cela ne déstabilise pas les entreprises » nous dit Hollande, quitte à déstabiliser et précariser les smicards comme le reste des salariés. Car pas un mot pour en finir avec le gel des salaires que nous subissons tous (public et privé) depuis des années, alors que nous avons besoin d’une augmentation de 300 euros nets mensuels pour tous.

 

Quant aux fameux « contrats de génération », censés lutter contre le chômage, il ne s’agit que d’une énième incitation (c’est à dire un cadeau) au patronat par une baisse des charges sociales. Les modalités en seront fixées les 9 et 10 juillet, lors de la « grande conférence sociale », cette grande messe de la collaboration de classe. Voilà une annonce qui satisfait les directions syndicales, qui préfèrent se prêter avec enthousiasme à d’interminables discussions, plutôt que d’organiser la riposte indispensable en coordonnant les luttes existantes...

 

Manifestement, il n’y a rien à attendre de ce gouvernement de gauche, quelle que soit la majorité (large ou non) dont il bénéficiera dimanche prochain.

C’est avant tout sur nous-mêmes qu’il faudra compter. Sur notre mobilisation. Car c’est la radicalisation des mouvements sociaux (et certainement pas les résultats électoraux) comme on le voit en ce moment en Grèce, en Espagne ou au Québec, qui commencera à faire trembler les patrons.

Publié dans Editos

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article